Conclusion générale


CONCLUSION

Pour conclure, nous citerons Jean-Paul Willaime, docteur en sciences religieuses et en sociologie, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE) : « Dans l’élaboration d’une politique publique, sur quoi s’appuyer ? Sur les informations les plus fiables, les plus vérifiées, les plus complètes possibles. […] Il est […] important que les pouvoirs publics vérifient, contrôlent les informations sur lesquelles ils basent l’élaboration de leur politique. Et là, je voudrais […] plaider pour la multiplication des enquêtes de terrain, des travaux. »
Si en l’espèce Jean-Paul Willaime évoque le déficit des travaux universitaires de terrain sur les différents groupes et mouvements présentant de potentielles dérives sectaires, nous pouvons étendre cette réflexion — qui est elle-même une partie de la conclusion de l’important ouvrage Sectes et laïcité, compilation des travaux présentés pendant l’année 2003-2004 lors du séminaire universitaire organisé conjointement par la Miviludes et l’EPHE[1] — à la quasi-absence des détectives privés dans la sphère des dérives thérapeutiques et sectaires.
Nous l’avons vu, les détectives privés bénéficient des atouts qui leur permettraient d’endosser un rôle-clef en cette matière, à la fois conseiller du mandant, homme de terrain, pourvoyeur d’indices et de preuves indispensables, et chaînon manquant entre les associations, les forces de l’ordre, la justice et les victimes.
Si les carences des pouvoirs publics et le manque de moyens des associations passent aujourd’hui relativement inaperçus aux yeux du grand public, il est indéniable que ceux-ci poseront problème à l’avenir, et ce, d’autant plus que la conjoncture actuelle tend à accroître ces déficiences et à pousser toujours plus de victimes vers les sirènes des vendeurs de bien-être immédiat, de futur radieux, de santé éternelle et autres bonheurs chimériques.
Dans ces conditions, il est urgent que notre profession réfléchisse au défi et à l’immense marché qui s’ouvre à elle. Rappelons que la LOPS[2] dispose en son annexe I (chapitre I-3) que « les agences privées de recherches [...] exercent des activités de sécurité privée » et qu’ « elles concourent ainsi à la sécurité générale ». Adéquatement formé, aguerri aux techniques de manipulation, rodé à l’art de l’emprise mentale, l’enquêteur de droit privé pourrait consacrer, dans le domaine délicat que nous venons d’aborder, cette mission supérieure que lui reconnaît la LOPS : concourir à la sécurité générale des victimes (actuelles ou potentielles) et de leur famille.
Enfin, et alors que notre étude a présenté l’incontestable avantage que constitue le binôme détective privé-psychologue cognitiviste, nous pouvons espérer que le monde de l’enquête privée se rapprochera bientôt de celui de la psychologie sociale ou cognitive, et que cette association deviendra le terreau de demain quant à la lutte contre les dérives thérapeutiques et sectaires.


[1] Miviludes (2005), Sectes et laïcité, Paris : La Documentation française, 352 p.
[2] Loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la sécurité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire